Semaine 21 #Projet52UproG : Dossier d'une personne sur la base AROLSEN
Georges BREHERET de Feneu à Mauthausen
Parti d’une source d’Arolsen, j’ai décidé de travailler sur Georges, Joseph BREHERET, né à Feneu dans le Maine-et-Loire le 31/08/1895, portant le nom de famille de ma mère et possédant plusieurs documents, Georges était la personne idéale pour ce projet.
Georges naît dans un monde rural, son père, Julien, est jardinier et avec sa femme, Marie Julienne MEDARD, ils vivent à Feneu au nord d’Angers. Cependant, Georges à 20 ans ne vit plus à Feneu, de par l’absence de son matricule dans les archives du département du Maine-et-Loire. Je l’ai retrouvé dans la région parisienne à Raincy, en Seine-et-Oise (Seine-Saint-Denis). Il se marie à l’âge de 24 ans avec Joséphine REJAUD. Dans son acte de mariage, il est déclaré comme « garde Républicain » domicilié à la caserne Mouffetard, 21 rue Gracieuse à Paris dans le 5ème arrondissement. De son côté, Joséphine, « sans profession » habite à Raincy, 18 allée de la Fontaine. Ses parents sont présentés au nom de Guillaume REJAUD et Marie DUMONT, vivants et domiciliés à Saint-Sulpice-Laurière en Haute-Vienne. Dans le département où le 14 avril 1902 naquit Joséphine à Balledent. A leur mariage est « présent » un garde Républicain domicilié à la caserne de Mouffetard, aujourd‘hui, prénommé Monge, au nom de KLEBER. Ensuite, Louis REJAUD, parent de Joséphine est aussi présent. Il est mentionné qu’il possède une médaille militaire et une croix de guerre. De plus, suite à des recherches dans les archives départementales de la Seine-et-Oise et municipales de Paris, le matricule militaire de Georges BREHERET n’a pas été trouvé, cela aurait permis de développer sur sa carrière militaire et professionnelle.
Georges était, cependant, devenu brigadier de police du commissariat de Villemomble en 1943, c’est durant cette année-ci qu’il fut dénoncé par un agent infiltré de son implication dans la résistance française. En effet, Georges BREHERET avait rejoint le 1er septembre 1942, le réseau CND (Confrérie-Notre-Dame) Castille sous le nom de « LEFORT » et employé comme agent de renseignement. Il est engagé par Jacques FEUILLET et devient un agent de type « P2 ». Le musée de la Résistance définit ces agents comme « membres ayant une activité permanente, consacrant la totalité de leur temps au service et se soumettant à une discipline totale, en particulier quant au lieu d'emploi et genre d'activité à exercer ». Georges intègre les FFC (Forces Françaises Combattantes) et d’après Mémoire des hommes, il aurait agrégé au réseau de renseignement du SR CDLL (Ceux De La Libération) dirigé par Maurice RIPOCHE. Georges, dans tous les cas, fut dénoncé et arrêté le 13 novembre 1943 à Villemomble et ensuite envoyé à Compiègne (Oise) dans un camp allemand. C’est le début de son aventure en déportation, Georges ne revint plus en France après son départ le 22 janvier 1944 pour le camp de concentration de Buchenwald.
Le 7ème départ pour Buchenwald est celui de Georges BREHERET, son convoi comporte 2005 hommes et femmes dont 1864 français. Selon le livre-mémorial de la Fondation de la Mémoire de la Déportation, 69,6% de ces déportés ont été arrêtés seulement 4 mois auparavant. Georges fait partie de cette masse. OCM (Organisation civile et militaire) et ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) des Deux-Sèvres et du Puy-de-Dôme représentent une partie du convoi en direction du camp de concentration. Deux jours après son départ, le 24 janvier 1944, le train arrive à Buchenwald. Arolsen garde une marque du passage de George BREHERET dans le camp. Ses archives sont publiés, il portait le numéro « 41687 ». On comprend qu’il a été arrêté par la BDS (Befehlshaber der Sicherheitspolizei) de Paris à Villemomble. Cette police allemande contrôle tous les convois de Compiègne. Des documents expliquent que des accessoires ont été donné à Georges BREHERET : un manteau (mantel), une culotte nue (baar strumpie), un maillot (unterhemden), un bandana (halstuch) etc. Cependant, comme il est mentionné, George BREHERET part pour le camp de Mauthausen, en Autriche actuelle, à son apparition le français change de numéro et devient « 53653 ».
Sur sa carte, son deuxième prénom Joseph est mentionné, il est donc appelé Georges Joseph BREHERET à son arrivée à Mauthausen. Georges débarque le 25 février 1944 dans le camp de concentration. Ce trajet était peu habituel pour les expatriés à Buchenwald car le camp de Mittelbau-Dora était privilégié par les convois de déportation. Par ailleurs, Georges ne reste pas dans le camp en question car il part pour le « sous-camp » de Gusen, qui appartient à Mauthausen tout de même. Selon le site monument Mauthausen III, Georges aurait été affecté à Steyr le 8 mars 1944, soit une dizaine de jours après son arrivée à Mauthausen. Steyr Daimler est une firme autrichienne basée à Gusen, c’est le plus grand établissement du camp. On le nomme « Kommando Steyr » à partir de mars 1942. Firme automobile qui se rapproche du IIIème Reich en 1938 pour la construction d’armes. Ce travail reste moins meurtrier que les premières activités de Gusen en 1941 - 1942. Le 23 août 1944, Georges Joseph BREHERET est affecté à Gusen, il quitte Steyr pour s’installer dans le camp. Cet espace au nord de Mauthausen est construit par des prisonniers espagnols et polonais et ouvre le 25 mai 1940. En 1943, les premiers français et italiens arrivent dans le camp, la construction de galeries souterraines et la production d’armement sont les principales activités de Gusen. Les activités de Georges ne sont pas détaillées dans les documents. Par ailleurs, ce « sous-camp » prend une grande ampleur car en 1944, il compte 25 000 détenus soit le double de Mauthausen, on parle alors de camp Mauthausen-Gusen. Le camp de concentration reste fatal pour 31 208 détenus dont 909 français à la fermeture du camp en mai 1945.
Une question se pose sur le décès de Georges, Joseph BREHERET. Dans plusieurs sources, dont celle de Mauthausen, apparaît la date du 4 mai 1945 soit la veille de la fermeture du camp. Cependant en marge de son acte de naissance à Feneu, la date du 4 avril 1945 est mentionnée. Les différents sites reprennent les deux dates. Nous sommes certain que Georges BREHERET est décédé en Autriche dans le camp de Mauthausen. Georges appartient, alors, au 42,1% de décédés qui sont partis de Compiègne le 22 janvier 1944. Sur les 2005 partants seulement 990 reviennent vivants de la déportation. Les actions de renseignements réalisées dans la région parisienne à partir de 1942 et la déportation en Autriche permet à Georges d’être décoré de différentes médailles. Il reçoit la médaille de la résistance et l’Ordre de la Libération de manière posthume. Le décret du 31 mars 1947 et le Journal officiel du 26 juillet 1947 mentionne son nom. Il est aussi inscrit comme « Mort pour la France ». Ces décorations récompensent les Hommes, même décédés, de leurs actions pour la France et contre l’occupation allemande. Georges BREHERET décède à l’âge de 49 ans en déportation et laisse un enfant et une femme, veuve en France.
Alexis DUPE Stagiaire CBL généalogie
Sources :
Arolsen archives, BREHERET Georges Joseph, Recherche dans les documents des Arolsen Archives | 01010503 001.055.224 - Dossier de BREHERET, GEORGES, né le 31.08.1895 (arolsen-archives.org)
Archives départementales du Maine-et-Loire, Feneu – Naissances, mariages, décès (1893 – 1902), 77/235, Registres d'état civil - Visualiseur (maine-et-loire.fr)
Archives départementales de Seine-Saint-Denis, Raincy (Le), actes de mariages, 1920, 73/117, Actes de mariages, 1920. (RAI NC93) - Archives de la Seine-Saint-... (seinesaintdenis.fr)
Mémoire des hommes, BREHERET Georges, Rechercher dans les bases nominatives - Mémoire des hommes (defense.gouv.fr)
Monument Mauthausen III, BREHERET Georges, 53653 - Monument Mauthausen III (monument-mauthausen.org)
Opendatasoft, morts pour la France, BREHERET Georges Joseph, Fiche individuelle (memorialgenweb.org)
Annuaire de la CND Castille, BREHERET Georges, BREHERET Georges - CND CASTILLE (cnd-castille.org)
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution (1940 -1945), Editions Tirésias, Tome II , Evreux, 1990, (pages 12 à 22 du Tome II)